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Anagnoste : un lecteur parmi tant d'autres
20 novembre 2013

Le poil de la bête : Heinrich Steinfest

Revoici Ludwig Wittgenstein dans le troisième roman d'Heinrich Steinfest traduit en français. Encore plus déjanté que les précédents. Un archiviste en chef dépose une offre d'emploi pour une mission spéciale. Se présente un jeune femme qui dont la situation financière ne lui permet pas d'acquérir la maison de ses rêves dans laquelle elle pourra continuer à s'occuper de son fils, un adolescent souffrant d'un légerhandicap. Elle acceptera d'exercer de façon temporaire le rôle de.... tueuse professionnelle. Elle accepte mais à la condition que ce soit la victime elle-même qui la rémunére....

S'en suit une histoire à rebondissements multiples, comme dans une bande dessinée dans laquelle on croise, un ambassadeur norvégien, un enquêteur autrichien d'origine chinoise et son chien malade qui porte des couches..., un célèbre musicien qui aurait pour projet de faire disparaître son épouse.
A propos de Janota le musicien on peut lire le dialogue suivant:

"Janota est apprécié, dit Humlauf. A Vienne, j'entends. Il présente bien, il connaît du monde et pas seulement par ouï-dire comme le plupart de nos emminentes personnalités. Et puis il produit une musique qui vous secoue sans vous tuer. J'appellerais ça de l'avant-garde socialement compatible. Délicate et pompeuse. Astucieuse. Filmique.
- Et l'individu Janota?".....
.....
"Qu'est- ce que je pourrais t-en dire?....
Un type qui vient de faire quelques gros titres pour avoir composé un hymne.
-Un hymne a quoi?
-A une nation qui n'existe pas. En tout cas pas officiellement. Une île de l'Antartctique, investie officiellement par quelques opérateurs radio-amateurs......... Elle n'abrite que quelques milliers de manchots et de phoques. Et maintenant les phoques ont un hymne national .

On visite une maison qui serait le siège de manifestations paranormale et la recherche d'une formule secrète, source de vie et de jouvence.... la célèbre eau de Cologne 4711. Ce n'est pas un inventaire à la Prévert mais bien une histoire un peu folle dans laquelle nous entraîne l'auteur dont les aphorismes sont souvent plaisants

Et puis voici que réapparaît l'inspecteur Lukastik, inconditionnel du philosophe Ludwig Wittgenstein. Il ne sort plus son exemplaire éculé du Tractacus Logico Philosophicus de sa poche pour en lire régulièrement une pensée comme c'était le cas dans Requins d'eau douce . Il tire sa réflexion cette fois-ci d'un autre ouvrage Les investigations philosophiques.

"Les résultats de la philosophie consistent en la découverte d'une quelconque absurdité comme des bosses que l'entendement s'est faites en courant à l'assaut des frontières du langage. Ce sont ces bosses qui nous permettent de reconnaître la valeur de cette découverte." L Wittgenstein.

Un vrai régal pour qui veut bien jouer le jeu et se laisser guider dans cet univers absurde, décalé, plein de dérisions et parfois cruel pour ce que nous sommes .


9782355360732

4 ème de couverture

Anna Gemini est une blonde discrète devenue tueuse à gages pour assurer une vie confortable à son fils Carl, adolescent handicapé dont elle ne se sépare jamais. Mère poule et tueuse free lance : Anna allie les deux sans états d’âme inutiles. Deux principes cependant lui tiennent à cœur : elle part toujours en mission avec son fils, et ses victimes doivent acquitter elles-mêmes, d’une façon ou d’une autre, le prix de leur élimination.

Son chaperon dans le métier est Kurt Smolek, officiellement archiviste à la municipalité de Vienne, officieusement agent secret et intermédiaire en tout genre. Mais voilà qu’elle accepte de tuer un diplomate norvégien, à la demande de l’épouse de celui-ci et sans passer par les bons services de Smolek. Profitant d’une escapade du couple à Vienne, Anna liquide le diplomate et croit l’affaire close.

Mais ce meurtre inquiète le gouvernement norvégien, qui fait appel à Markus Cheng, détective privé autrichien mais exilé depuis quelques années à Copenhague.

Le privé Cheng, comme l’inspecteur Lukastik de Requins d’eau douce, est l’incarnation du flegme viennois : émotions maîtrisées et distance critique. Autrichien pur jus malgré un physique de Chinois, traversé en permanence par des états d’âme divers et variés, il a perdu sa femme et un bras au cours d’enquêtes précédentes, et ne regrette d’ailleurs ni l’un ni l’autre. Il forme un couple incongru avec son vieux chien, Oreillard, devenu incontinent, qui passe son temps à dormir et n’a jamais fait peur à personne.

Petit à petit, Cheng s’enfonce dans cette enquête en forme de sables mouvants, où tout le monde se connaît et court après le même Graal : la formule secrète de la première Eau de Cologne (4711), qui serait un élixir de vie éternelle.

Comme toujours, Heinrich Steinfest mêle les intrigues comme des filets pour mieux serrer son sujet : le bestiaire humain. Le tout pour décaper le monde moderne avec un sens aigu du politiquement incorrect et de la provocation douce.

 

 

 

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