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Anagnoste : un lecteur parmi tant d'autres
7 janvier 2011

Requins d'eau douce : Heinrich Steinfest

Tel le snob de la chanson de Boris Vian, Richard Lukastil ne se déplace qu'en Ford Mustang dorée "plus précisément, pour ceux qui tiennent absolument à le savoir, cette LX Hachtback fabriquée en 1987" n'hésite pas à ajouter l'auteur. Agé de 47 ans, il a accroché au mur de la chambre qu'il occupe dans l'appartement de ses parents, deux photos, celles de deux hommes. Ses dieux, ses héros du XXème siècle : Ludwig Witttgenstein, et Joseph Matthias Hauer. Et de nous rappeler que le premier est un illustre philosophe, spécialiste de logique, tandis que le second, serait moins connu(!) mais tout aussi important pour sa contribution au dodécaphonisme....

Après avoir débuté des études de musicologie le voici inspecteur de police....

Accompagner Richard Lukastil dans cette enquête est l'occasion pour le lecteur de passer un agréable et court séjour dans la capitale autrichienne avec un guide d'exception. Il nous fait découvrir sa ville en jetant un regard à la fois détaché et sans concession sur une partie de la société Viennoise durant la période estivale. Frondeur, se refusant à tout compromis,  s'il donne du fil à retordre à sa hiérarchie c'est pour la bonne cause. Pleinement investi par sa mission, il prend très au sérieux son métier de policier. Il s'agit bien pour lui de rétablir l'ordre et de protéger la société.

On l'aura compris il ne s'agit pas d'un roman noir mais d'un vrai roman policier rassemblant les codes du genre, humour, dérision, suspense.

Et l'énigme ?

Lukastik consulte régulièrement  le tractatus logico-philosophicus qu'il a toujours sur lui ans une édition de poche. Tel "un poteau indicateur" il lui sert à s'orienter.

"Il n'y a pas d'énigme".

Il s'agit d'un des premiers aphorismes puisé dans le tractatus. Lukastik s'attarde tout particulièrement sur le commentaire qui suit "lorsqu'on ne parvient pas à formuler une réponse, c'est qu'on ne peut pas non plus formuler la question. Il en résulte que si une question peut être posée, elle peut aussi recevoir une réponse" .

Les shadoks auraient-ils trouvé la source de leur inspiration dans le tractatus?

shadok3

Alors qu'une douzaine de personnes s'interroge sur "ce qui avait pu conduire un cadavre déchiqueté par les dents d'un requin dans une piscine située au sommet d'un immeuble viennois" ...l'inspecteur.... "savourait l'air frais comme s'il n'existait rien de plus beau ni de meilleur en ce monde. Ce n'était pas le sujet qui le préoccupait.". .

Une grande partie de l'ouvrage est construite sur les oppositions et les contrastes.Un savant dosage d'humour; à l'instar du nuage de lait dans le thé britannique, et de jugements définitifs, "l'opéra ne l'intéressait pas. Le peu qu'il en connaissait l'avait confirmé dans l'idée qu'il s'agissait d'une forme d'art outrancière et inutile.D'un os à ronger pour petit bourgeois" agrémentent l'histoire. L'écriture est agréable et le style élégant, résultat du travail de la traductrice?

Une question cependant qu'est ce que la criminalistique à laquelle s'intéresse l'inspecteur. Quel rapport avec la criminologie?

J'ai passé un agréable moment même si la vraisemblance de certaines situations pourrait être mise en doute. Lukastik a-t-il déjà vécu d'autres aventures, en vivra-t-il d'autres. Si elles sont du même niveau je suis de nouveau partant pour l'accompagner.


La quatrième de couverture

9782355360473

Un corps flotte dans une piscine au vingt-huitième étage d’un immeuble viennois : déchiqueté et unijambiste. Une minuscule prothèse auditive gît au fond du bassin. Aucune piste sérieuse en vue. L’homme aurait été tué par un requin, ce qui ressemble plutôt à une mauvaise plaisanterie. Richard Lukastik, de la police de Vienne, prend les choses  en mains. À 47 ans, l’inspecteur passe pour antipathique mais irréprochable, retors et fou. Il se déplace en Ford Mustang dorée, il n’écrase jamais ses cigarettes, dîne chaque soir d’une soupe chez ses parents, n’utilise pas de gants au sens propre comme au figuré, admire le philosophe Ludwig Wittgenstein dont il a toujours un livre en poche qu’il ouvre à l’occasion à n’importe quelle page pour trouver un sens à sa journée.

L’enquête est à l’image de celui qui la mène : mordante et dubitative.


Après Cadavre d'Etat de Claude Marker, voici un second auteur que j'ai découvert grâce aux éditions Carnets Nord que je remercie à cette occasion.

 

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Commentaires
R
Bonjour,<br /> Ton billet a suscité ma curiosité.<br /> Le personnage m'intéresse ... ainsi que la ville dans laquelle il travaille.<br /> C'est noté.<br /> Merci !
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L
pour le challenge "voisins / Voisines" ???
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