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Anagnoste : un lecteur parmi tant d'autres
24 janvier 2011

La commissaire n'aime point les vers . Georges Flippo

Un clochard, victime de ce qui semble être une agression, est conduit à l'hôpital. Il y décédera quelques temps plus tard. Sosie de Victor Hugo, il prétendait habiter boulevard du même nom et il possédait dans son sac un exemplaire des "Châtiments"!  Augustin Monot, jeune lieutenant de police ayant assisté de loin à la scène, après avoir porté secours au pauvre homme, enregistre la déposition d'un témoin et ouvre au grand regret de sa hiérarchie une procédure. Nouvellement nommé dans le service, il n'aura de cesse de convaincre, la commissaire Viviane Lancier son supérieur, de l'autoriser à poursuivre l'enquête jusqu'à son terme. La découverte dans les papiers du vagabond de l'existence d'un précieux manuscrit, un poème inédit de Baudelaire et une série de meurtres qui semble lui être liés, sont les moteurs de cette intrigue que va tenter de résoudre le couple improbable que forment la commissaire et le jeune lieutenant! Elle est attirée à l'évidence par ce jeune homme, séduisant ...mais aussi cultivé.... ce qui l'agace, et surtout .....distant et insaisissable....! Faisant preuve d'autorité, elle n'hésite pas à le bousculer. Elle n'entend rien à la littérature, elle essaie surtout de concilier au mieux sa vie de femme, en plein force de l'âge, qui voit sa jeunesse prendre le large à la même vitesse que sa prise de poids, avec sa vie professionnelle et les exigences de sa fonction de commissaire. Pendant ce temps, des meurtres s'enchaînent....


Très vite, au bout de quelques pages, il m'était apparu que ce roman serait retenu dans la sélection finale, par les 7 jurés du Prix Marseillais du Polar 2010.  La découverte ou la quête d'un manuscrit original est un sujet classique, mais Georges Flipo le traite d'une façon toute personnelle et très réussie. Son écriture soignée, au service d'un humour subtil, une énigme parfaitement élaborée, le souci permanent du détail et de leur vraisemblance poussant sans cesse le lecteur à s'interroger sur la part de vérité, ne pouvaient que rassembler des lecteurs venant d'horizons divers, Il fit longtemps figure de favori.


Il me faut, pour être tout à fait honnête, replacer la découverte de ce roman dans son contexte. Tel un ballon d'oxygène, il m'avait réconcilié avec le plaisir lire! (Cette troisième participation au jury du Prix Marseillais du Polar représentait à ce moment une épreuve pénible et je n'en voyais pas la fin!  Cela ne m'était jamais arrivé auparavant et je n'avais jamais connu une telle déception! Dans la "sélection" des ouvrages qui avaient été retenus cette année, figurait un nombre significatif d'ouvrages quelconques, sans grand intérêt ni aucune originalité. Cela fait partie de la règle du jeu, il revient au juré de procéder à une sélection.. Mais lorsque les auteurs ou leurs éditeurs, manifestent un manque total de respect vis à vis du lecteur, en lui soumettant des documents comportant un  nombre de coquilles, de fautes d'orthographe et parfois de syntaxe, dépassant un certain seuil, l'épreuve devient difficilement supportable. Je m'en étais déjà expliqué dans la lettre d'information du 28 août dernier.)


Imaginant au départ qu'il était l'œuvre d'une femme, il avait à mes yeux encore plus de force. Mon erreur de jugement fut très vite corrigée par la première lectrice à laquelle je le fis lire. Sa réponse fut sans appel. Elle évoqua des clichés véhiculés par la gent masculine, à laquelle appartient effectivement l'auteur, là où je n'avais vu que de la dérision. Un petit tour sur le site de  Georges Flipo nous départagea rapidement .

Ce polar est tout ce qu'il y a de plus classique! Un vrai régal et un très grand moment de détente. Il est possible de consulter le premier chapitre.


 4ème de couverture
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La commissaire Viviane Lancier n'est pas du genre poète, mais la voici condamnée à se passionner pour Baudelaire : un sonnet torride dont il serait l'auteur se transforme en serial killer, envoyant à la morgue ceux qui s'y intéressent.

Flanquée de son ingénu lieutenant, Viviane Lancier plonge dans une enquête où semblent la narguer les morts, les survivants et même les revenants.


J'ai longuement interrogé Georges Flipo, lors du repas qui a suivi le jury. C'est un monsieur très agréable, tout à fait charmant. Il m'a confirmé qu'il assumait pleinement son choix quant à la personnalité de Viviane, à partir de laquelle il a construit son roman.  On a parlé de sa façon de travailler, de se documenter. Les précisions sur le sonnet, il ne peut en être question ici au risque de gâcher le plaisir de la découverte et de passer un agréable moment.

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Commentaires
L
et un auteur sympa !<br /> <br /> (une nouvelle aventure de la commissaire va sortir très prochainement !)
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