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Anagnoste : un lecteur parmi tant d'autres
28 février 2010

Le Vampire de la rue des Pistoles : Jean Contrucci : J'ai adoré

Je viens de terminer « Le Vampire de la rue des Pistoles » et n'hésite pas à exprimer ici, le plaisir que j'ai eu à accompagner Raoul au cœur du Panier, sur les traces du Vampire.

J'avais assisté l'an dernier, à la bibliothèque Gaston Defferre, à une conférence de Jean Contrucci. L'auteur de la série des Mystères de Marseille, reconnut, qu'avoir pu accéder à l'intégralité des minutes des procès d'assises depuis que la création de la cours d'Aix en Provence, fut une véritable révélation. Après avoir rappelé que la lecture de la page faits divers dans les journaux constituait sa principale source d'inspiration, il souligna l'intérêt que pouvaient avoir certaines  "histoires actées dans les procès". Une juriste, de son côté, expliqua son travail sur ce matériau du point de vue du droit. Il ne peut se faire que sur des affaires "résolues", jugées pour être plus précis.  A l'inverse, seules les affaires non résolues intéresse le romancier, dira le père de Raoul.  C'est ainsi qu'il exposa un fait divers, suivi du procès d'un couple de personnes inculpées puis accusées, que la cours innocentera par un "non lieu". Ce "Cold Case" pour faire référence à un célèbre feuilleton télévisé sera le point de départ de la nouvelle aventure du reporter du "Petit Provençal".
Commence alors pour l'auteur, la lecture attentive de toute la presse quotidienne locale publiée à l'époque des faits. La recherche d'informations, la quête de détails pouvant paraître anecdotiques sur le coup, sont une nécessité pour la crédibilité du récit.  Le prix du pain, celui d'une course en fiacre, les métiers, etc...

"Marseille, avril 1907. Par une nuit de tempête dans le vieux quartier du Panier, se noue un drame aussi insolite que terrifiant. ris pour un fantôme par un passant, un cadavre ficelé dans un drap, ouvert en deux et soigneusement recousu au point de surjet, est retrouvé contre le mur de la Vieille-Charité"

Quiconque aurait imaginé une telle situation aurait immédiatement été traité de "fada"! n'a pas manqué de souligner l'auteur de "Comme un cheval fourbu".

Et bien ce fut la réalité, rapportée avec forces détails, par le juge d'instruction, dont on a pu également apprécié la calligraphie à la plume sergent major dans les minutes du procès présentées lors de la conférence.

Comment raconter la suite de cette histoire? C'est là que réside le talent de l'auteur.

Au début du récit j'ai été perturbé, le début de l'histoire m'était connu, et j'ai été pris d'un doute, n'y avait-il pas un risque que je sois déçu? Ce sentiment fut de courte durée car je fus littéralement pris par l'histoire, essayant de suivre au plus près le jeune journaliste dans son enquête.

Quel plaisir tout d'abord de parcourir le Panier, de visiter ces fameuses caves permettant de passer d'une maison à l'autre, celles qui ont donné tant de soucis aux allemands durant l'occupation. D'après ce qu'écrit Maurice Gouiran, dans « Train bleu train noir », cette destruction aurait du être aussi l'occasion de faire aboutir un projet immobilier, conçu bien avant avant la guerre.

Mise à part la dimension historico-folklorique, ma connaissance de ce quartier se résume au souvenir qu'en a laissé sa destruction, une grossière confusion entre la fameuse "maison diamentée", et "l'hôtel de cabre" qui fut déplacée dans les années 50 ou 60, comme me le fit remarquer aimablement Jean Contrucci dans une réponse qu'il a bien voulu m'adresser. J'ai été très intéressé également par la dimension archéologique de ce récit.

Une idée astucieuse et très habilement exploitée, que les futurs lecteurs auront le plaisir de découvrir, constitue la trame de l'histoire.

Le roman est très agréable à lire. L'emploi du passé simple et de l'imparfait du subjonctif, donnent une dimension supplémentaire au récit. Le héros Raoul ne manque pas de faire observer à son oncle: "-..... Vous pourriez préciser que dans leur délire, il n'était pas rare qu'ils s'émasculassent-si je puis employer l'imparfait du subjonctif pour un acte aussi barbare.... ," 

"Je dis une et pas un, parce que M Antonin Soubeyran,....., exigeait que ce fût une femme qui pratiquât la saignée,...."

Le parler marseillais que l'on retrouve dans ce roman sonne vrai e et ne tombe pas dans des caricatures et des filons exploités au cinéma, à la télévision ou même dans l'édition. Les expressions populaires sont parfaitement à leur place dans les dialogues, et m'ont permis dans d'en découvrir certaines qui m'étaient totalement inconnues. 

J'ai souri aux nombreux clins d'œil, sans toutefois tous les identifier. Il s'amuse à mettre en scène des personnages portant le nom de journalistes retraités ou encore en activité, un de ses amis proches universitaire et chimiste, blogueur et membre actif d'une association spécialisée dans le polar se voit confier des analyses de laboratoire.

Un vrai régal, on en redemande.

Pour en savoir plus sur l'auteur je recommande la lecture de "sa nécrologie" ainsi que la visite de son site.

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