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Anagnoste : un lecteur parmi tant d'autres
3 août 2009

"Eboueur sur échafaud" Abdel Hafed Benotman

Une rencontre, une découverte, à lire absolument.
Frontignan, les 27 et 28 juin dernier, une table ronde le dimanche matin "Etranges immigrés"   . Un personnage crève la scène Abdel Hafed Benotman. Ancien taulard et écrivain, il y a déjà eu des précédents. Mais là quelque chose se passe et j'accroche vraiment.

La modératrice l'interroge en premier, racontez-nous l'épisode de la circoncision. C'est parti, Hafed se lance dans un compte rendu désopilant de ce qui fut pour l'enfant qu'il était alors, une épreuve douloureuse dans tous les sens du terme.

C'est ainsi que débute l'histoire de Fafa, je découvrirai plus tard qu'il s'agit du premier chapitre de son livre autobiographique "Eboueur sur Échafaud".
Plus grave mais toujours avec une pointe d'humour, il raconte sa vie de petit immigré, dans un arrondissement parisien  pas forcément défavorisé. Sans concession, il témoigne, la vie de la famille Bounoura, le père Benamar qui travaille dur, subit les humiliations à l'extérieur et règne en maître à la maison, la mère Nabila, doublement  immigrée, en France et chez elle dans sa propre maison. Elle sort très peu, presque jamais seule, ne maitrisant pas le français parle peu et sombre petit à petit dans une folie, violente qui plus est et qu'elle reportera sur ses enfants. Le frère  Nono, et les sœurs Kim, et Nadou les copains et une complicité touchante.

Il explique aussi, qu'il n'a pas connu la banlieue et ses problèmes spécifiques et à cette occasion il rend un vibrant hommage à un de ses enseignants de français en particulier. Hafed n'hésite pas à souligner qu'il a eu la chance d'être scolarisé dans un établissement parisien réputé  et qu'il a bénéficié de ce fait d'un enseignement de qualité tout particulièrement en littérature. On serait presque tenter de l'envier.... sur ce point uniquement....
Et puis les bêtises, la prison et l'écriture qui le sauve...

A découvrir absolument surtout que selon Benamar son père, l'avenir de Fafa était d'embrasser la carrière d'Éboueur ou de de monter sur l'Échafaud. 

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La 4° de couverture

Son père le lui avait prédit : "au pire, tu finiras éboueur. Au mieux, sur l'échafaud." Marqué par cet oracle, le jeune Fafa Bounoura n'est pas bien parti dans la vie. Entre la cruauté d'un père analphabète qui a quitté son Algérie natale pour la France au lendemain de la guerre, et la folie d'une mère à la fois victime et bourreau, les enfants Bounoura rêvent de mener une existence "normale". Mais ils vont s'égarer, loin de leurs aspirations.

Abdel Hafed Benotman n'a pas "fini éboueur". Il n'est pas non plus monté sur l'échafaud. Quelque part entre les deux, il a fait plusieurs séjours derrière les barreaux. Il a aussi beaucoup écrit. Des livres à l'humour décapant, pleins d'émotion et de révolte, dans lesquels il interroge notre société sur ses injustices et ses contradictions.

"Quel talent ! Une écriture dure, hachée, sans concession, relevée parfois de quelques touches de tendresse et d'humour, de dérision et de cynisme." (Le Nouvel Observateur)

"Un coup de poing dans le ventre comme on n'en avait pas reçu depuis Edward Bunker." (Elle)


Abdel Hafed Benotman est né en 1960. Il est de nationalité algérienne mais a toujours vécu en France. Il a fait un certain nombre de séjours en prison pour braquages. Il joue des petits rôles au cinéma et se consacre à l'écriture.

 
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