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Anagnoste : un lecteur parmi tant d'autres
31 juillet 2009

"Qui a tué l'ayatollah Kanuni" de Naïri Nahapétian

Une découverte? Pas vraiment, il y a quelques mois une critique dans un hebdomadaire satirique paraissant le mercredi avait attiré mon attention sur cet ouvrage. Lionel, m'en avait dit le plus grand bien comme l'atteste le post-it en forme de cœur apposé sur la couverture, signalant ainsi le choix du libraire, un ouvrage qu'il a particulièrement apprécié et qu'il recommande.
C'est donc avec un a priori favorable que je me suis plongé dans la lecture de ce livre et je n'ai pas été déçu.

Naïri Nahapétian est une jeune journaliste, née en 1970 en Iran, pays qu’elle a quitté après la révolution islamique. Elle a fait de nombreux reportages en Iran pour divers journaux et  explique son projet dans ce document. 

Ne jouons pas sur les mots comme on peut le lire ici, il ne s'agit peut-être pas d'un vrai policier, un roman à énigme, le héros n'est pas un fonctionnaire de police ou un enquêteur patenté. Il s'agit par contre d'un  vrai polar, mettant en scène la société, iranienne dans le cas présent, et cela suffit pour le classer dans cette catégorie. (Les précisions sur roman policier et polar sont de Jean Bernard Pouy et rapportées par Serge Scotto). 

Narek, jeune journaliste free-lance, français d'origine iranienne, son père, avait fuit le nouveau régime des mollahs pour émigrer en France, se rend en Iran pour faire des reportages à l'occasion de l'élection présidentielle de 2005. Vingt-trois ans après avoir quitté l'Iran, il reprend contact avec sa famille, de vieux amis de ses parents dont une amie très proche de sa défunte mère.  Il se trouve bien malgré lui au centre d'une affaire compromettante, source de graves ennuis. Alors qu'il tentait d'approcher dans un bâtiment officiel dans lequel il s'était introduit frauduleusement, un haut personnage du régime pour les besoins de son reportage, il découvre le cadavre d'un ayatollah dans un bureau. Qui a tué l'Ayatollah Kanuni?   

L'enquête, plus journalistique de policière est le moyen de plonger le lecteur au sein de la société iranienne, sa complexité, ses codes, ses luttes pour le pouvoir. Les personnages féminins occupent une place centrale dans ce roman. La diversité des personnages illustre la complexité de la société iranienne. Il en va de Leila, la militante, Vart la tante, Soraya la bourgeoise "libérée",...

Notons au passage que contrairement à ce qui se fait habituellement, on ne trouve aucun avertissement précisant que toute ressemblance avec des personnages réels....serait fortuite. Bien au contraire, on trouve à la fin de l'ouvrage un addendum "roman et réalité" dans lequel il est précisé qu'AzamTaleghani une féministe islamiste n'a jamais pu se présenter aux élections présidentielles, elle  publie une revue et milite pour les droits des prisonniers politiques.

Le  "riz sous forme de gâteau...avec son tadig de pain croustillant, celui au safran recouvert de baies et d'écorces d'orange, ...[celui] agrémenté de fines lamelles de fèves, mélangées aux herbes. ....Les kabab, les koresht aux aubergines, le fessendjoun rose écarlate à la base de noix et de jus de grenade"   et surtout le joujeh kabab poulet mariné dans du citron, talents culinaires de la tante Vart, accro aux novellas des chaînes satellites, mettent vraiment l'eau à la bouche. 

La tante Vart aurait-elle  transmis ses recettes et son savoir à  Naîri Nahapétian? Peut-être le saura-t-on un jour. En tous les cas son livre est comme la cuisine qu'elle nous a décrite, sucré-sale, raffiné bref à déguster sans modération.   

Il est possible de prendre connaissance du prologue et du premier chapitre

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